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retiré des affaires

cabinet de M. Bénoni. Il s’agissait de faire vite, car j’ignorais à quelle heure devait rentrer le bonhomme.

Je tournai résolument le bouton, la porte s’ouvrit, mais ô surprise ! un flot de clarté m’aveugla dès l’entrée, en même temps qu’une voix dure, prononçait, avec un accent bizarre : « Un pas de plus et vous êtes mort !… »

C’est seulement à cette minute que j’aperçus celui qui me menaçait. Il se tenait debout, derrière un bureau et braquait sur moi le canon d’un revolver. C’était un homme d’une quarantaine d’années, solidement bâti, très brun, et dont les yeux brillaient comme des ampoules électriques.

J’avais eu un mouvement de recul, mais la voix reprit, plus sèche, plus impérieuse :

— Si vous tentez de fuir, je tire !

Et ce disant, l’inconnu s’avança vers moi.

Nous sommes, dans notre métier, préparés à toutes les surprises, mais avouez que celle-là était plutôt roide.

Je me ressaisis cependant et cherchai une excuse :

— Pardon… Monsieur… balbutiai-je. Je croyais trouver ici M. Bénoni à qui j’ai une affaire à proposer et…

L’homme brun éclata de rire, eut un haussement d’épaules, puis m’ordonna de lever les mains, ce que je fis sans murmurer, car je voyais toujours le petit canon du revolver braqué entre mes deux yeux…

— Je vous assure… repris-je… c’est à M. Bénoni que je désirais parler… il était d’ailleurs prévenu de ma visite…

— Ah ! répliqua mon interlocuteur d’un ton narquois… ah ! il était prévenu de votre visite… Est-ce lui aussi qui vous avait prié de crocheter sa serrure ?…

— Je…

— Taisez-vous, gredin… vous êtes un cambrioleur… un maladroit cambrioleur, voilà tout…

C’était la première fois que l’on m’appelait maladroit