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retiré des affaires

— Voici, fit Stone d’une voix blanche, en me tendant un trousseau de clefs.

— C’est bien… passez devant moi… et vous aussi, madame…

— Oh ! mon petit Colombo, gémit la triste compagne du voleur.

— Il n’y a plus de Colombo, répondis-je sèchement… vous avez devant vous M. Allan Dickson, détective… Allons, hâtons-nous…

— C’est dégoûtant d’agir ainsi, murmura Mme Pickmann.

— Il est encore plus dégoûtant, répliquai-je, en la regardant sévèrement, de s’approprier le bien d’autrui.

Pickmann ne disait rien. Tout à coup, il fit un signe à sa femme, mais j’avais deviné leurs intentions : ils voulaient se jeter sur moi.

Braquant sur l’homme le canon de mon revolver, je dis d’un ton sec :

— À la moindre velléité de résistance, je vous tue sans pitié… c’est mon droit.

Les Pickmann étaient atterrés.

— Allons… ouvrez-moi vos malles !

Nous étions maintenant dans la chambre à coucher.

Il y avait là une armoire en pitchpin encastrée dans la cloison et formant placard.

Mes anciens « amis » avaient maintenant une mine si bouleversée que, vraiment, ils me faisaient de la peine, mais ce n’était pas le moment de se laisser apitoyer… Il fallait mener cette affaire vite… et bien.

Docilement, avec des gestes maladroits, l’homme sortait d’une malle de pauvres nippes toutes fripées, du linge commun, sans marque, et qui avait encore la raideur du neuf. La femme s’était jetée dans un fauteuil, et sanglotait, la tête entre les mains.

J’étais de plus en plus ému devant cette détresse, et dus me faire violence pour continuer à jouer mon rôle…