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mémoires d’un cambrioleur

lorsqu’il va de Londres à Cannes ou à Paris fait chaque fois viser ses passeports ?…

— Je ne suis pas M. Lloyd George.

— Vous pouvez être un homme de qualité quand même… Il y a à Londres beaucoup de Pickmann… Il en existe même un qui, si je ne me trompe, est allié à la famille de Connaught… Ne seriez-vous pas celui-là ?

— Non…

Mme Pickmann qui, jusque-là, était demeurée silencieuse, ce qui me surprenait fort, crut devoir ajouter :

— Nous sommes des gens de modeste condition…

Je le voyais bien, parbleu ! elle n’avait pas besoin de le dire.

Décidément, ils étaient plus stupides encore que je ne le supposais, et j’avais la partie belle avec eux.

Comme ils s’étaient un peu rassurés, je crus devoir, avant de les quitter, leur donner un premier « coup d’assommoir ».

— Ah ! à propos, fis-je d’un air distrait, vous me souteniez l’autre jour qu’il y avait à bord de ce bateau un personnage mystérieux… Eh bien ! c’est vous qui aviez raison…

— Vous l’avez vu ? demanda Pickmann, d’une voix tremblante.

— Oui… Il y a une heure à peine.

— Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit plus tôt ?

— Je n’y ai pas songé…

— Comment est-il ?

— Grand… entièrement rasé… assez élégant, ma foi… Il me semble avoir déjà vu cette tête-là quelque part… à Londres, probablement…

— C’est lui ! lança imprudemment Mme Pickmann.

Je la regardai.

Pour expliquer le trouble qui l’agitait, elle ajouta en me prenant le bras :

— Écoutez, mon bon Colombo… Puisque vous êtes