dès que j’entrai dans la salle à manger, quelle aventure ! Jamais je n’aurais cru que le mal de mer pût rendre si malade… Si cela devait recommencer, j’aimerais mieux débarquer tout de suite.
— Libre à vous, répondis-je… la ville est curieuse à visiter… et si vous voulez, après déjeuner, aller vous dégourdir un peu les jambes…
— Non… répondit sèchement Pickmann… D’ailleurs, je ne me sens pas bien…
Il s’assit avec sa femme devant la table où je venais de déposer un plat de poisson, et demanda soudain :
— Est-ce anglais, Santa-Cruz ?
J’eus peine à réprimer un sourire devant tant d’ignorance.
— Non… répondis-je… c’est une possession espagnole…
— Ah ! oui… c’est vrai… je ne sais où j’avais la tête… J’espère qu’on ne va pas venir à bord opérer une visite, au moins ?
— Ma foi, je n’en sais rien… mais il est plus que probable que, lorsque nous serons amarrés à quai, la douane fera son apparition.
— Quoi ! nous n’allons pas demeurer en rade ?
— Non… dans quelques heures, nous allons gagner le port… c’est nécessaire… on ne peut pas « réparer » en pleine mer…
— Vous êtes sûr de ce que vous dites, Colombo ?
— Oui…
Pickmann lança un coup d’œil à sa femme qui ne broncha pas.
Il y eut un silence, puis il reprit :
— Bah ! la douane se contentera d’examiner les, bagages… les grosses malles, les caisses. Je ne pense pas qu’elle ouvre les valises et les sacs à main…
— Qui sait ? Les douaniers prennent parfois plaisir à ennuyer le monde… Ce sont des êtres maussades qui, furieux de voir les gens voyager et se payer des distrac-