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mémoires d’un cambrioleur

filait en tanguant vers les Canaries. Il avait marché plus vite que nous ne nous y attendions, car avant la nuit il mouillait en rade de Santa-Cruz, en face de Ténériffe.

L’île de Ténériffe réunit, grâce à ses vallées, à son plateau et à ses côtes, tous les genres de température, excepté celle de l’hiver. Beaucoup d’Anglais préfèrent même le séjour de Ténériffe à celui de l’Italie, aussi Santa-Cruz est-elle très fréquentée. J’eus l’occasion de le constater, car le capitaine Ross, dès que nous fûmes stabilisés sur nos ancres, fit armer le canot et m’envoya à terre avec quelques matelots pour chercher des provisions.

La ville me parut agréable.

Ses rues droites, larges, aérées, ont des trottoirs pavés de pierres rondes et inégales que bordent des dalles de lave. On rencontre là nombre d’étrangers des négociants des différentes parties du monde que distingue leur costume national.

Après avoir fait nos achats, nous nous offrîmes quelques « chiroutes » et plusieurs verres de vin de Madère, puis nous regagnâmes le bord.

Cette petite promenade n’avait pas été inutile. Elle m’avait permis de jeter un coup d’œil sur le port où de nombreux bâtiments, les uns chargés de bananes, les autres de tonneaux de vin, s’apprêtaient à prendre le large. Je vis aussi deux ou trois vapeurs dont l’un, qui portait le pavillon espagnol, allait se mettre en route pour Cadix, ainsi que me l’apprit un marin anglais qui fumait sa pipe à l’ombre d’une véranda, devant un flacon de whisky.

Dès que j’eus rallié le Sea-Gull, et rendu compte de ma mission à Maître Ross, j’allai porter à M. et Mme Pickmann le repas qu’avait préparé Zanzibar. Je les trouvai complètement remis de leur malaise. Ils avaient fait toilette, et semblaient m’attendre avec impatience.

— Ah ! mon bon Colombo, s’écria Mme Pickmann