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XVIII

où je muris mon plan

J’allai retrouver Zanzibar qui préparait en chantant une horrible mixture destinée à l’équipage.

— Ti sais pas, dit-il… Bateau retourni Canaries… Ça bon, Canaries… plein de bananes… moi m’en coller plein le fisil… Là-bas, chez nous, bananes plus jolies encore, ti verras ça si ti viens avec moi… et pis beaucoup de dattes aussi… et noix de coco… tout plein… tout plein… Ti verras, Colombo, ti verras…

Je n’écoutais point… Trop de pensées, pour l’instant, se heurtaient dans ma tête… Ce qui m’inquiétait surtout, c’était cette escale que nous allions être obligés de faire à Santa-Cruz… Toutes mes combinaisons, tous mes projets s’effondraient soudain… ou étaient pour le moins retardés…

Quelles nouvelles complications allaient surgir encore ?

Ah ! décidément, je n’étais pas au bout de mes peines…

Jamais je n’ai tant réfléchi que pendant les six heures le Sea-Gull mit à atteindre Santa-Cruz. Et ces réflexions, comme on le verra bientôt, ne furent pas inutiles. Mon imagination un peu endormie depuis quelque temps s’était brusquement réveillée et avait échafaudé tout un scénario qui eût certainement émerveillé Allan Dickson. Cet homme qui m’avait tant fait souffrir, puisque c’était à cause de lui que j’avais tâté du « Tread Mill », allait sans doute devenir ma Providence…