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retiré des affaires

L’effort qu’il venait de faire l’avait anéanti, et il se laissa retomber sur son divan, où il demeura inerte.

Comme personne ne lui adressait plus la parole, le capitaine se retira.

— Tout cela ne vous semble pas louche ? me demanda Mme Pickmann.

— Ma foi non, répondis-je… Maître Ross est bien obligé de relâcher dans un port… Comme Santa-Cruz est le port le plus rapproché, c’est celui-là qu’il a choisi… Ne vous tourmentez pas… Reposez-vous, je reviendrai vous voir avant le déjeuner.

J’avais déjà la main sur le bouton de la porte, quand Pickmann lança d’une voix pâteuse :

― Rien… à part ça, Colombo ?

— Non… rien…

— Vous n’avez toujours pas vu l’autre passager ?

— Vous y tenez, décidément…

— Cherchez bien… car je suis sûr…

Une violente nausée l’empêcha de continuer.

— Ce pauvre homme, dit Mme Pickmann, voyez comme il est malade… Vous ne connaissez pas un remède contre le mal de mer, mon bon Colombo… Je souffre horriblement, moi aussi… c’est affreux… Ce mauvais temps ne va donc pas cesser !

— Couchez-vous, dis-je… dans une heure je vous apporterai du thé… D’ailleurs, nous serons bientôt en eau calme…

— Vous croyez ?

— Oui… lorsque nous aurons atteint le port de Santa-Cruz…

— Ah !

Mme Pickmann ne paraissait pas convaincue… Elle eût voulu sans doute m’interroger encore, mais les forces lui manquèrent, et elle se laissa tomber sur le divan, à côté de son mari…