tion. Elle me posait, d’une voix entrecoupée de hoquets, des questions rapides dans lesquelles cette même phrase revenait sans cesse :
— Si nous sommes en danger, dites-le…
Je la rassurai du mieux que je pus, et j’allais me retirer, quand on frappa à la porte.
— Entrez, dit Mme Pickmann sans même prendre la peine de jeter un manteau sur ses épaules.
La porte s’ouvrit doucement et la grosse figure rougeaude du capitaine Ross apparut dans l’entre-bâillement.
— Pardon, dit-il, un peu confus… Je croyais…
Et il allait battre en retraite, quand Mme Pickmann le rappela :
— Voyons, capitaine… parlez… Qu’y a-t-il ?
Le vieux loup de mer, sa casquette galonnée à la main, salua gauchement :
— Je voulais dire à M. Pickmann, fit-il, que notre mât de misaine s’est rompu, et que nous ne pouvons continuer notre route…
— Et alors ?… et alors ?… s’écria Pickmann, qui avait subitement retrouvé son énergie.
— Alors, monsieur, nous allons être obligés de regagner les Canaries… et de nous réfugier dans le port de Santa-Cruz afin de réparer l’avarie… Cela demandera une huitaine de jours environ…
— Huit jours ! murmura Pickmann…
— Oui, au moins… à condition, toutefois, que nous puissions trouver des charpentiers qui exécutent immédiatement le travail…
— Et si nous n’en trouvons pas ?…
— Oh ! ce ne sont pas les charpentiers qui manquent à Santa-Cruz… mais ce port est très fréquenté !… Peut-être y a-t-il dans les cales d’autres bateaux que la tempête a endommagés… Dans ce cas, nous serions obligés d’attendre notre tour…
— C’est bien, dit sèchement Pickmann, en se reprenant la tête entre les mains.