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retiré des affaires

nausées. Tous deux étaient encore en costume de nuit : le mari en pyjama, la femme en chemise, et c’est à peine s’ils relevèrent la tête, lorsque j’entrai.

— Ah ! c’est vous, mon bon Colombo, bégaya Mme Pickmann… Que s’est-il passé ? grand Dieu !…

— Nous avons eu une avarie, répondis-je…

— Grave ? demanda Pickmann.

— Oui… notre mât de misaine s’est rompu.

— Alors ?

— Alors !! Je ne sais ce que va faire le capitaine.

— Ah ! soupira la femme, il n’y a qu’à nous que ces choses-là arrivent… Tout avait si bien marché jusqu’ici…

— Espérons, dis-je, que ça s’arrangera…

Mme Pickmann, qui semblait moins malade que son mari, était parvenue à se mettre debout. Elle était dans un état pitoyable. Ses faux cheveux avaient glissé sur son oreille gauche, et sa chemise, déjà très échancrée, avait glissé de ses épaules, découvrant une opulente poitrine que j’aurais crue moins ferme…

— Voyons, mon petit Colombo, me dit-elle, parlez-nous franchement… que va-t-il arriver ? Nous ne sommes pas en danger, au moins ? Vous avez l’air inquiet, je suis sûre que vous ne dites pas tout ce que vous savez…

Elle redressa ses faux cheveux, remonta vivement sa chemise, et reprit :

— Ne nous cachez rien… M. Pickmann et moi nous voulons tout savoir.

— Aucun danger ne vous menace, répondis-je.

— Bien sûr ?

— Je vous l’affirme.

Pickmann s’était assis sur le divan et se tenait la tête à deux mains… Il souffrait, cela était visible, et n’avait même pas la force de m’interroger… Il me rappelait ce personnage d’opérette qui, terrassé par le mal de mer, répond à un chef de pirates : « Pendez-moi, mais ne me remuez pas. »

La femme, plus énergique, s’inquiétait de la situa-