Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
mémoires d’un cambrioleur

— Non… non ! m’écriai-je, gardez cela… je les ferai bien parler… soyez-en sûr…

Et je rendis à Pickmann les pièces d’or qu’il m’avait données.

Bien entendu, je ne fis aucune enquête, et pour cause. Après avoir quitté mon « voleur », j’allai retrouver Zanzibar et me mis à confectionner le banjo que je lui avais promis. Cela me prit près de quatre heures, mais je fis un instrument très présentable qui avait, de plus, une sonorité merveilleuse.

Le nègre ne se tenait plus de joie… Il s’empara du banjo et se mit à en jouer avec amour…

J’avais fait un heureux !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quand je revis Pickmann, je le trouvai un peu plus calme.

— Et alors ? demanda-t-il en me frappant sur l’épaule.

— Rien !

— Le passager ?

— Il n’y a pas de passager.

— Cependant… je vous affirme…

— J’ai visité le bateau de fond en comble… du pont à la cale, et je puis vous assurer que Mme Pickmann et vous êtes les seuls maîtres à bord…

Pickmann me regardait avec deux yeux inquiets… Supposait-il que je ne lui disais pas la vérité ?… Se méfiait-il de moi ?

Il crut devoir, pour se concilier mes bonnes grâces, jouer une petite scène d’attendrissement qui était assez nature.

— Mon bon Colombo, dit-il, vous savez l’amitié que Mme Pickmann et moi avons pour vous… nous sommes prêts à tous les sacrifices pour assurer votre avenir et celui de votre famille… Voyons, parlez-moi franchement, comme à un ami… Ne craignez pas de vous confier à