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mémoires d’un cambrioleur

— Une fois à Rio-de-Janeiro, dit-il, je louerai une villa, quelque chose de grand, de luxueux et je donnerai des soirées… J’aurai une auto, des chevaux et de nombreux domestiques… Je ne sais pourquoi, mais il me semble que je me plairai au Brésil… J’ai entendu dire que Rio était une ville très agréable et que l’on y menait la grande vie… Vous resterez avec nous, Colombo… vous serez notre intendant et je vous payerai grassement…

— Je vous remercie, répondis-je… mais je ne puis accepter votre offre…

— Et pourquoi cela ?

— Parce que j’ai en Angleterre une femme et quatre enfants…

— Une femme, passe encore, mais quatre enfants… je vous plains !… Enfin, on peut arranger cela… Vous ferez venir votre femme… elle sait coudre, au moins ?

— Oui.

— Eh bien, nous lui confierons la direction de la lingerie… quant à vos enfants, je trouverai bien le moyen de les employer.

— Nous verrons, dis-je… je réfléchirai.

— C’est cela, Colombo, réfléchissez… rien ne presse. Nous avons encore vingt jours devant nous… un mois peut-être… Allons, je crois qu’il est temps de se mettre au lit… Bonsoir !

En rentrant dans ma chambre, je trouvai Zanzibar tout en larmes.

— Qu’as-tu donc ? demandai-je…

Le pauvre nègre ne parvenait pas à articuler une parole. Enfin, il finit par me faire comprendre que, pendant mon absence, Cardiff était venu, l’avait surpris en train de jouer de la « misique » et avait brisé nos deux boîtes à cigares… La perte de ces instruments mettait le désespoir dans l’âme de l’infortuné Zanzibar. J’arrivai cependant à le consoler en lui promettant de lui confectionner un banjo.