Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.
350
mémoires d’un cambrioleur

— À votre gré, monsieur…

— Et nous voulons y arriver vite, vous entendez…

— Cela dépendra du vent, monsieur… c’est lui notre maître…

— Oui… oui, je sais, mais en admettant qu’il nous soit favorable, combien mettrons-nous de temps pour atteindre Rio-de-Janeiro ?

— Environ vingt jours… peut-être moins, peut-être plus… mais si nous avons le vent contre nous, nous mettrons trente jours au moins…

— C’est une vraie maringote votre bateau.

— Il est bon marcheur, monsieur, mais comme tous les navires à voiles, il est soumis aux caprices du vent…

— Enfin ! il faut en prendre son parti… eh bien, changez votre route dès maintenant.

— Cela ne m’est pas possible, monsieur.

— Pas possible ! et pourquoi cela ?

— Parce que je n’ai plus d’eau douce à bord et que je dois aussi me réapprovisionner…

— Et où comptez-vous donc vous réapprovisionner ?

— À Santa-Cruz… c’est le point le plus proche…

— Et vous pensez y arriver quand ?

— Demain soir, si le vent le permet…

— Le diable soit du vent… Ah ! on ne m’y reprendra plus, je vous assure, à prendre passage sur des navires à voiles…

— En ce cas, répondit humblement Master Ross… je n’aurai plus l’honneur de vous transporter… et je le regrette…

— Bah !… avec l’argent que je vous ai donné, vous aurez presque de quoi vivre de vos rentes…

— Monsieur oublie sans doute que mon équipage ne travaille pas pour rien.

J’aurais pu donner un cinglant démenti au capitaine Ross, mais, je me gardai bien de le faire… Lui, de son côté, craignait sans doute que je ne protestasse, car pour m’amadouer, il daigna sourire…