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retiré des affaires

— Me parler ? fit-il, et pourquoi ? Ils ont à se plaindre de quelque chose à bord ?

— Non, capitaine, je ne crois pas…

— Alors ?

— Je crois qu’ils veulent vous demander un conseil.

— Bien…, dites-leur que je descends…

J’allai retrouver M. et Mme Pickmann…

— Le capitaine vient tout de suite, leur dis-je… je vous laisse…

— Et pourquoi cela ? protesta Pickmann… mais non, pas du tout, vous allez rester… Est-ce que nous ne sommes pas libres d’avoir qui nous voulons avec nous ?… Il ne manquerait plus que le capitaine nous adressât une observation à ce sujet… Nous payons assez cher pour avoir le droit de faire ce qu’il nous plaît… Restez, Colombo…, restez…

Il y eut bientôt à la porte un petit coup discret :

— Entrez ! dit Pickmann d’un ton bref.

Master Ross entra.

Pour se présenter devant ses passagers, il avait revêtu sa tenue numéro un.

Il se balançait gauchement, roulant sa casquette entre ses gros doigts noueux, déformés par les rhumatismes.

M. et Mme Pickmann avaient pris un air digne… Ces parvenus apparaissaient maintenant dans toute leur goujaterie et tenaient à faire sentir à cet homme qu’il était à leurs ordres.

Habitué, depuis son enfance, à respecter ceux qui payent, Master Ross conservait la position militaire.

— Capitaine, dit enfin Pickmann, après avoir allumé un cigare… je vous ai fait demander pour vous ordonner de modifier notre itinéraire…

— À votre gré, monsieur, répondit le capitaine avec une légère inclination de tête.

— Oui, décidément, Madagascar est trop loin… et puis, c’est un pays malsain… Maintenant, nous allons au Brésil.