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mémoires d’un cambrioleur

et dont je croyais encore sentir sous mes doigts le papier doux et satiné…

Je me ressaisis enfin et, m’approchant d’un hublot, me mis à lire les coupures de journaux que j’avais dérobées.

La première contenait ces quelques lignes :

« Le vol de la Banque d’Angleterre,

« Un vol considérable a été commis samedi dernier au préjudice de la Banque d’Angleterre. Une liasse de billets représentant environ deux cent mille livres a disparu du coffre où l’avait serrée le caissier principal. À la dernière heure, on affirme que l’auteur de ce vol serait un nommé Richard Stone, sous-caissier adjoint, jusqu’alors très bien noté par ses chefs. »

L’autre coupure annonçait que les soupçons qui pesaient sur Richard Stone venaient de se préciser et que la police était sur les traces du voleur qui, en compagnie de sa maîtresse, avait précipitamment quitté son domicile de Russel Street.

J’étais maintenant fixé sur l’identité du ménage Pickmann.

Ainsi, comme je m’en étais douté du premier coup, Pickmann était un voleur, mais j’avoue que depuis que j’avais vu la mallette aux bank-notes, j’éprouvais pour lui une réelle admiration… Deux cent mille livres ! En voilà un, ma foi, qui n’y allait pas avec le dos de la cuiller. Quand il s’y mettait, c’était sérieux… Pour son coup d’essai, il avait eu la main heureuse. Au moins, lui, avait eu l’esprit de faire main basse sur des valeurs solides, facilement négociables et cela lui avait coûté moins de peine que de subtiliser un diamant au Musée du Louvre. Il n’avait eu qu’à allonger le bras, enfouir les liasses dans ses poches, prendre son chapeau et quitter la banque. Maintenant, fier comme un lord, il voguait sur mer, dans un yacht frété pour la circonstance, vers des