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XV

la malette en peau de porc

Le Sea-Gull filait toujours et se comportait à la lame de façon merveilleuse. Il est juste de dire aussi qu’il était supérieurement gouverné, car le capitaine Ross était un maître ès-navigation. Quant à Cardiff, malgré son apparence de brute, il possédait aussi de réelles qualités de marin. Certes, tous deux ne valaient pas cher et je les soupçonnais d’avoir quelques « pavés » sur la conscience, mais qui n’en a pas ?… L’équipage, lui, était un ramassis de vagabonds, de coureurs de quais, de forbans et je crois bien que le seul honnête homme du bord, c’était Zanzibar.

Oui… parmi tous ces blancs, ces jaunes et ces « peaux cuivrées », c’était sûrement mon ami Zanzibar qui détenait le record de l’honnêteté. Il m’avait, un jour, raconté sa vie, une vie simple, exempte de complications, une vraie vie d’enfant, et j’avais été ému jusqu’aux larmes de la candeur et de l’innocence de ce colosse de six pieds…

Il était originaire du Congo et n’avait qu’une ambition amasser quelques milliers de francs et retourner en Afrique auprès de sa vieille mère Maouda dont il me parlait sans cesse.

J’avais décidé M. et Mme Pickmann à monter, de temps à autre, sur le pont quand la mer était belle et le vent presque nul. Je ne les accompagnais point, car on eût pu s’étonner de l’intimité qui existait entre deux