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XIV

où je manœuvre avec assez d’habileté

Un jour, M. Pickmann, qui maintenant me consultait sur tout, me posa quelques questions qui me parurent bizarres. Il me demanda entre autres quelles étaient les formalités de débarquement dans les ports et, quand je lui eus dit que tout navire était soumis à la visite, il parut singulièrement troublé… et regarda sa femme d’un air inquiet.

Je ne tardai pas à acquérir la preuve que mes deux « amis » n’avaient pas la conscience bien nette et je me mis à les surveiller de près. L’homme, depuis quelque temps, était plus réservé, mais la femme, très loquace, surtout après les repas, laissait parfois échapper des paroles imprudentes.

C’est ainsi qu’un soir, tandis que nous émettions quelques idées sur la vie et ses surprises, elle murmura tristement :

— Ah !… mon petit Colombo, la fortune ne fait pas le bonheur, allez… et une bonne petite existence bien tranquille, exempte de soucis, est cent fois préférable à une existence de luxe et de plaisirs comme celle que nous pouvons mener maintenant, M. Pickmann et moi.

— Certes, répondis-je… vous avez bien raison… Ce que nous devons rechercher avant tout, c’est la tranquillité d’esprit.

M. Pickmann lança à sa femme un regard furieux, mais il était trop tard, le coup était porté… Je commençais à comprendre pourquoi, à certains moments, les