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mémoires d’un cambrioleur

— Venez dans ma cabine, j’ai à vous parler…

Je le suivis en tremblant.

Quelle nouvelle tuile, pensai-je, vais-je encore recevoir sur la tête ?…

Dès que nous fûmes seuls, le capitaine me dit :

— Je vous ai observé hier pendant toute la journée et j’ai pu me convaincre que vous êtes marin, comme moi je suis évêque… vous vous tenez sur les barres comme un dromadaire sur une balançoire et vous ne savez même pas déborder la vergue de la hune et frapper les palans sur les galhaubans… Je pensais que vous pourriez faire un gabier supplémentaire de basse-voile, mais vous ne seriez même pas capable de larguer le dormant de l’écoute… et d’amarrer le conducteur sur les cosses d’empointure lorsqu’elles sont larguées…

Tout ce que me disait le capitaine était pour moi de l’hébreu, mais comme j’avais l’air de protester, il s’écria :

— Un gabier, vous ?… Jamais de la vie !….

— Cependant, je vous assure qu’à bord du Black-Star

— Quoi ?… que faisiez-vous à bord du Black-Star ?… vous briquiez la poulaine, hein ?… c’est tout ce que vous pouvez faire… Tenez, je vais vous prouver que vous êtes nul en navigation… que vous n’avez jamais mis les pieds sur un navire à voiles… Je suppose que le hale-bas du foc soit cassé… par quoi le remplacez-vous ?… Ha ! vous restez là comme un cachalot qui a avalé une gaffe… vous ne savez pas !… Et quand un hunier se déchire, comment vous y prenez-vous pour le réparer sans le carguer ?… Vous voyez, vous demeurez bouche bée… Vous êtes gabier comme la tige de mes bottes et vous m’avez monté le coup, quand vous vous êtes présenté !… Je ne sais ce qui me retient de vous débarquer séance tenante…

Le capitaine Ross, d’un tour de langue changea sa chique de côté, puis après avoir juré tout ce qu’il savait, et m’avoir prodigué un tas de noms qu’un horse-guard