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retiré des affaires

aperçu avant-hier, quand il a embarqué… Il a une drôle de tête…

— Et la femme ?

— Elle était tellement emmitouflée qu’on ne lui voyait que les yeux et le bout du nez…

— Ils ont des domestiques avec eux ?

— Non…

— Comment… pas même un groom ?

— Je ne crois pas…

— Et depuis leur embarquement, ils n’ont point paru sur le pont ?

— Non… ils ne bougent pas de leur appartement… il n’y a que le capitaine et le steward qui les approchent…

— Bizarre !…

— Oui… bizarre, comme vous dites… moi, j’ai dans l’idée que ces particuliers-là ont fait quelque sale coup et qu’ils ont frété le Sea-Gull pour échapper à la police…

— Mais avant le départ, il y a eu une visite à bord ?

— Oui… j’y ai même assisté, mais le capitaine avait eu soin de cacher les deux passagers dans la cale avec tous leurs bagages…

— Alors, le capitaine est de mèche avec eux ?

— Probable !

Cette conversation fut interrompue par l’arrivée brusque de Cardiff. En apercevant le falot qui était toujours allumé, il poussa un hurlement de fauve, se précipita sur les joueurs, leur administra une volée de coups de poings, déchira les cartes, puis éteignit la lumière et disparut. Cardiff, on le voit, s’y entendait à maintenir l’ordre à bord. Quand il eut refermé la porte, les nègres et les Chinois regagnèrent à tâtons leurs hamacs et jusqu’à la relève de minuit le silence le plus complet régna dans la chambrée.

Au matin, quand je parus sur le pont, le capitaine Ross m’appela.