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mémoires d’un cambrioleur

m’apprit qu’ils jouaient sur parole et qu’ils régleraient leurs comptes à la fin de la traversée, lorsqu’ils auraient touché leur solde.

Il y eut, à un certain moment, une vive discussion qui se termina par un assaut de boxe entre un nègre et un Chinois. Le nègre mit son adversaire knock out et la partie recommença, pendant que deux matelots relevaient le Chinois, qui était quelque peu meurtri et le couchaient dans son hamac.

Mon voisin de lit, l’Irlandais (je me rappelle qu’il s’appelait Solway), bavard comme tous ses compatriotes, avait fait glisser sur leur tringle les garcettes de son hamac et s’était rapproché de moi.

— Sur quel bateau étiez-vous avant de venir ici ? demanda-t-il.

— Sur le Black-Star, répondis-je…

— Un long courrier ?

— Oui…

— Moi, j’étais sur le Newcastle, un vieux bâtiment plein de rats qui repose maintenant par le fond, dans le canal de Saint-Georges.

— C’est la première traversée que vous faites sur le Sea-Gull ?

— Oui… d’ailleurs tout l’équipage est dans mon cas… nous sommes tous nouveaux à bord…

— Pas possible ?

— Quoi ?… vous ne le saviez pas ?

— Non, je vous assure… mais à qui appartient le bateau sur lequel nous sommes ?

— À personne… ou du moins si, il appartient à un armateur anglais qui l’a loué aux deux passagers qui sont à bord… Ce sont eux qui ont engagé le capitaine Ross et l’ont chargé de recruter l’équipage.

— Ah !… et sait-on quels sont ces gens ?

— On dit — mais je ne pourrais rien affirmer — que c’est un lord qui voyage avec sa maîtresse… Je l’ai