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XIII

passagers mystérieux

J’avais entendu dire que nous allions aux Indes, mais je n’en étais pas sûr. Je cherchai à me renseigner auprès des trois matelots européens qui étaient à bord. L’un d’eux, un Français, affirma que nous allions tout simplement en Espagne ; l’autre, un Anglais, soutint que nous ne dépasserions point le Cap de Bonne-Espérance ; quant au troisième, un Irlandais, il avoua qu’il ne savait rien.

La curiosité qui me poussait à m’informer de notre itinéraire était assez ridicule, en somme, car le but du voyage serait toujours le même pour moi. Que nous allions aux Indes ou en Chine, cela importait peu. Le principal était que je m’éloignasse le plus possible de l’Angleterre et le Sea-Gull semblait aussi pressé que moi de fuir la côte.

Dès que nous eûmes dépassé les « Needles », récifs dangereux qui se trouvent, comme on sait, à la pointe extrême de l’île de Wight, nous mîmes le cap au sud-quart-sud-ouest.

Malheureusement, le vent qui jusqu’alors avait été favorable, changea brusquement, et nous fûmes obligés de louvoyer, ce qui retarda beaucoup notre marche.

Néanmoins, le Sea-Gull tenait merveilleusement le « près » et faisait, avec le vent, un angle de quatre quarts, soit quarante-cinq degrés. Il avait cependant un défaut, il gîtait beaucoup et, à certains moments, le pont offrait une déclivité telle que nous devions nous cramponner à la lisse et aux superstructures pour ne pas être