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mémoires d’un cambrioleur

perçants, enfouis sous des sourcils broussailleux, sa poitrine vaste et velue, ses bras démesurément longs, ses jambes torses reposant sur deux gros pieds plats, tout en lui rappelait le singe anthropoïde de l’Afrique Équatoriale.

— Cardiff, dit le capitaine, voici un nouveau gabier… Il ne nous manque plus que trois hommes… Dès que je les aurai trouvés, nous appareillerons…

— Hon !… fit l’homme-gorille.

— Pour l’instant, gardez-le près de vous et faites-lui lire le règlement du bord.

— Hon !…

— Ensuite, vous lui ferez préparer les feux.

— Hon !…

— Vous pourrez aussi lui faire faire quelques épissures…

— Hon !…

Lorsque le capitaine eut disparu, Cardiff s’assit sur son coffre, alluma une petite pipe en terre, en tira quelques bouffées et prit dans sa poche un carnet tout crasseux qu’il me tendit en disant :

— Règlement…

Il était plutôt dur, le règlement… mais bah !… j’étais prêt à tout accepter pour échapper à Bill Sharper et à Manzana. Tant que nous n’aurions pas quitté Southampton, je ne serais pas tranquille. Mes ennemis pouvaient encore me découvrir. Il leur suffisait pour cela de questionner quelques marins du port…

Bien que Manzana et Bill Sharper ne fussent point très perspicaces, ils ne manqueraient pas quand même, en apprenant qu’il y avait à quai un navire suspect, de venir s’informer si je ne faisais point partie de l’équipage. Dans quel navire, en effet, pouvais-je me réfugier, si ce n’était dans un navire suspect ?

Je tremblais, à chaque instant, de voir apparaître mes deux gredins.

Quand j’eus parcouru le fameux règlement que Cardiff