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XII

« le sea-gull »

J’avais « semé » mes ennemis, mais je n’étais pas encore sauvé. Les drôles étaient bien capables de me signaler à la police et de me faire arrêter, au débarcadère de Southampton. Il leur suffisait d’aller trouver le chef de gare, de lui raconter une histoire quelconque et la farce était jouée. On me ramènerait à Londres et c’était tout ce que désiraient les affreux chenapans qui avaient juré d’avoir ma peau.

Je résolus donc de descendre en cours de route.

À Byfleet, la première station à laquelle s’arrêtait le train, j’ouvris la portière et sautai sur le quai. Ce n’est le surlendemain seulement que je me risquai à gagner Southampton.

Maintenant, il s’agissait de quitter l’Angleterre le plus vite possible et je m’abouchai immédiatement avec quelques matelots qui m’indiquèrent les bâtiments en partance.

Je m’étais imaginé que j’arriverais facilement à m’embarquer, mais je m’aperçus bientôt que tous les capitaines n’étaient pas aussi « coulants » que le capitaine Wright. Tous me demandèrent des papiers, exigèrent des références et je me vis blackboulé partout où je me présentai.

Je commençais à perdre courage, quand un matelot qui fumait sa pipe, assis sur une borne, me donna un renseignement utile :

— Écoutez, camarade, me dit-il, si vous tenez absolument à trouver un engagement, je connais un bateau