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retiré des affaires

une situation honorable, ces misérables ne manqueront pas de faire savoir à celui qui aura consenti à m’employer que je suis un ancien pensionnaire de Reading…

— Vous n’ignorez pas que la loi punit les calomniateurs…

— Oh… si peu !… et puis ceux qui emploient de pareils moyens demeurent, la plupart du temps, introuvables… n’empêche que leur coup a porté… Un beau matin, on est congédié, sans motif, et on doit se mettre à la recherche d’un nouvel emploi… Pendant ce temps, on tombe souvent dans la misère et on en arrive à perdre tout courage…

— Mon cher Pipe, me dit Allan Dickson, vous m’avez l’air, en ce moment, de voir tout en noir… Il faut vous remonter, by God !

— Hélas ! je le voudrais, mais la fatalité me poursuit…

— N’employez donc pas de ces grands mots-là… Est-ce que ça existe, la fatalité ?… Allons, au revoir… tâchez de persévérer dans vos bonnes intentions et si quelqu’un cherche à vous nuire, venez me trouver… j’aurai vite fait de vous débarrasser de ce gêneur…

— Merci… il se pourrait que j’eusse besoin de vous avant peu…

— Tout à votre disposition, mon cher Pipe, vous savez où je demeure ?… Non ?… tenez, voici ma carte… Je suis toujours chez moi le matin, de dix heures à midi… Allons, good bye !… et bon courage !

Et le détective, tournant les talons, disparut dans une des salles d’attente de la gare.

Resté seul, je réfléchis un instant et j’étais, je l’avoue, assez perplexe.

Devais-je quitter Londres avant d’avoir dénoncé à Allan Dickson Bill Sharper et Manzana ? J’avais eu un moment l’idée de raconter au détective les petites expéditions de ces deux bandits, mais l’affaire du diamant m’avait retenu.