Pendant que je parlais, Allan Dickson regardait de temps à autre autour de lui, d’un air méfiant…
— Est-ce que ce n’est pas un de vos amis qui vous attend là-bas ?… demanda-t-il, en me désignant d’un coup d’œil un individu de mauvaise mine qui se tenait près du guichet des billets…
— Non… répondis-je, personne ne m’attend… et, d’ailleurs, je n’ai plus d’amis…
— Cependant, cet homme semble singulièrement s’intéresser à vous…
— Possible !… mais je ne le connais pas… à moins… mais, oui, j’y songe…
— À moins ? fit Allan Dickson en me regardant fixement…
— Écoutez, lui dis-je, vous pouvez me rendre un grand service et, du même coup, débarrasser Londres de deux gredins dangereux.
— Je suis tout oreilles… De quoi s’agit-il ?
— Voici Je vous ai dit, tout à l’heure, que je m’efforçais de redevenir un honnête homme…
— Et je vous félicite de cette résolution…
— Oui… mais c’est plus difficile que je ne croyais…
— Et pourquoi ?
— Parce que, lorsqu’on a vécu, comme moi, au milieu de gens sans aveu, on retrouve toujours sur sa route des misérables prêts à vous faire chanter… On est rempli de bonnes intentions, on s’efforce de reprendre sa place dans la société, de vivre honnêtement de son travail, mais on a compté sans les gredins qui vous ont connu autrefois et qui se dressent toujours devant vous, au moment où l’on voudrait les savoir à dix pieds sous terre… Depuis que je suis sorti de prison, je n’ai pas eu, je vous l’assure, une minute de tranquillité…
— Mais, objecta Allan Dickson, qu’avez-vous à craindre des gens dont vous parlez ?… Vous avez payé votre dette, la justice n’a rien à vous reprocher…
— C’est vrai, mais supposez que demain, je trouve