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mémoires d’un cambrioleur

ce que j’allais faire, mais j’étais résolu à quitter Londres coûte que coûte… Par bonheur, Bill Sharper et Manzana n’étaient point parvenus à me « subtiliser » mon portefeuille. Je pouvais donc monter dans un train quelconque et mettre plusieurs dizaines de kilomètres entre mes ennemis et moi.

Comme je me trouvais dans les environs de Waterloo-Station, je résolus de prendre un billet pour Southampton. Une fois dans ce port, je tâcherais de me faire embarquer sur quelque bâtiment en partance pour l’étranger.

Après avoir jeté un rapide coup d’œil derrière moi, je m’apprêtais à entrer dans la gare, quand un gentleman vêtu à la dernière mode me posa familièrement la main sur l’épaule, en disant :

— Tiens ! M. Edgar Pipe !…

C’était Allan Dickson, le roi des détectives, celui qui, on se le rappelle, m’avait arrêté quelques années auparavant, dans cet hôtel de Kensington où je me croyais si bien caché.

Je saluai le gentleman et allais continuer mon chemin, quand il me retint :

— Eh quoi ! monsieur Pipe, dit-il, vous ne semblez pas satisfait de me revoir… Est-ce que vous me garderiez rancune au sujet du petit incident du Victoria Palace ? Si cela était, vous auriez tort, car si je vous ai arrêté, avouez que c’était un peu votre faute… Vous m’avez demandé, alors, je suis venu…

— C’est vrai, dis-je en souriant, excusez-moi… mais vous comprenez…

— Oui… oui… je comprends… on n’aime guère revoir les gens qui… enfin… vous n’avez plus rien à craindre, maintenant, puisque vous avez payé votre dette… J’avoue que le tribunal vous a un peu « salé », mais vous êtes malheureusement tombé sur des juges très sévères… Une semaine plus tard, vous auriez eu la chance de vous en tirer avec deux ans, car c’était M. Serey, le bon Juge, comme nous l’appelons, qui présidait les