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retiré des affaires

— Pardi ! la prison, comme nous…

— Elle n’a pas été votre complice… Vous l’avez forcée à vous accompagner, mais elle prouvera que vous l’aviez terrorisée… D’ailleurs, quand la justice saura à quel affreux métier vous l’avez contrainte, quand elle aura fait citer les locataires de la maison que vous habitiez, les juges auront pitié d’elle et s’ils la condamnent, la peine sera légère… En tout cas, elle est prête à tout risquer… par vengeance… et vous savez comment les femmes se vengent lorsqu’on les a poussées à bout…

Manzana et Bill Sharper réfléchissaient. Ils comprenaient à présent la « gaffe » qu’ils avaient commise et ils regrettaient sans doute la petite scène du square…

J’appuyai mon argumentation d’un aveu qui les déconcerta tout à fait :

— Quels gens stupides vous êtes, messieurs… Ainsi, vous vous figurez que j’ai encore le diamant !… Eh bien, détrompez-vous… on me l’a pris dès que j’ai été arrêté. Il y a eu une enquête… j’ai affirmé qu’on me l’avait donné pour le vendre… Il y a eu échange de télégrammes entre Paris et Londres… des agents de la Sûreté française sont venus m’interroger… Bref, on a jugé prudent d’étouffer l’affaire… Du moment que le gouvernement français rentrait en possession du Régent, il n’y avait pas lieu de soulever un scandale…

— Alors, fit Manzana d’un air incrédule, le diamant est aujourd’hui en France ?

— Oui, et si vous voulez vous payer le voyage de Paris, vous pourrez le voir au Louvre, sur son écrin, dans la vitrine où sont exposés les bijoux de la Couronne.

À ce moment, comme pour protester contre ce mensonge, le Régent me tenaillait sournoisement l’estomac.

— Je ne crois pas un mot de toute cette histoire, dit Manzana. Vous êtes un roublard, et vous avez dû mettre le diamant en lieu sûr, avant d’être arrêté…

Bill Sharper intervint :