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mémoires d’un cambrioleur

bien ! ils l’ont forcé à tourner la roue jusqu’au bout… c’est-à-dire jusqu’à ce que le moulin lui broie les jambes… Ainsi, vous voyez à quoi vous aurez abouti… Pour vous venger de moi, vous aurez tout simplement signé votre arrêt de mort…

Manzana eut un cri de rage :

— Nous ne sommes pas encore condamnés, misérable !

— Non, répondis-je avec calme, mais vous le serez sûrement.

— Alors, rugit Bill Sharper, c’est bien vrai, vous parlerez…

— Oui… et non seulement je parlerai, mais je fournirai des preuves…

— Nous nierons…

— La « personne » qui vous a accompagnés dans vos expéditions viendra témoigner…

— Elle n’osera pas…

— Ah ! vous croyez ?… Eh bien ! détrompez-vous, elle viendra… je n’aurai qu’un mot à dire et elle m’obéira… Vous voyez, votre cas est plus grave que le mien… L’affaire du diamant n’est qu’une bagatelle à côté du cambriolage d’Euston Road, de celui de Haymarket, du vol avec effraction de Portland Place, de la tentative de meurtre de London-Bridge et des affaires louches du Swan Hôtel…

Bill Sharper et Manzana, en m’entendant énumérer, par ordre chronologique, leurs différents méfaits, demeurèrent atterrés.

— Je vois, dit Bill Sharper, au bout d’un instant, que l’on vous a fait des confidences, mais celle qui vous a renseigné a exagéré… Si elle était, en ce moment, en face de nous, vous verriez qu’elle serait moins affirmative.

— Devant vous, peut-être, car elle vous sait capables de tout, mais quand vous serez tous deux devant les juges et qu’elle n’aura rien à redouter, je vous garantis bien qu’elle ne craindra pas de parler… Qu’a-t-elle à risquer ?