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retiré des affaires

va !… Je veux te faire pendre ou perdre mon nom… Si la justice ne s’en charge pas, c’est à moi que tu auras affaire !…

— Cela ne vous avancera guère, répliquai-je à cette brute… Si vous pouvez me perdre, n’oubliez pas que, moi aussi, j’ai en main de quoi vous envoyer au Tread-Mill…

Et je lui énumérai, avec force détails, les différents méfaits qu’il avait commis, durant mon incarcération, de complicité avec Manzana.

Il parut étonné que je fusse si bien documenté, mais il ne tenta pas de nier… comprenant sans doute que je tenais ces renseignements de source sûre…

Il se contenta de murmurer :

— C’est bon !… c’est bon !… il faudra prouver…

— J’ai un témoin, répondis-je, un témoin qui n’hésitera pas, je vous en réponds, à déposer, sous la foi du serment, et à vous confondre tous les deux… Ah !… vous ne vous attendiez pas à cela, hein ? Vous voyez que, moi aussi, j’ai ma police.

— On la connaît « votre police », glapit Manzana… oui, on la connaît, elle s’appelle Édith… mais elle aura son compte, elle aussi.

— J’en doute…

— Ah ! vraiment ?

— Oui… car vous en aurez tous deux pour dix ans au moins… et vous savez, dix ans de hard-labour… cela équivaut à la pendaison… Si l’on peut supporter cinq ans de Tread-Mill, c’est tout… Je puis vous en parler savamment, moi qui viens d’en tâter…

Il y eut un silence.

Bill Sharper et Manzana étaient désagréablement impressionnés.

Profitant astucieusement de leur trouble, je repris :

— Ah ! c’est qu’ils sont impitoyables, les geôliers de Reading… J’ai vu un prisonnier qui n’était plus qu’un squelette ambulant qui n’avait plus que le souffle ; eh