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mémoires d’un cambrioleur

Le constable dit alors d’un ton bref :

— Cuckold, recevez la plainte de ce marin…

Comme j’hésitais, le constable, très obligeamment, me tendit la perche :

— Voyons, mon ami, ne vous troublez pas… vous êtes ici devant des hommes qui ne demandent qu’à vous soutenir, si vous êtes réellement dans votre droit… Les agents affirment que vous avez été attaqué… S’agit-il d’une vengeance ou d’une tentative de vol ? Connaissez-vous vos agresseurs ?

— Non, monsieur.

— Alors, il s’agit d’une tentative de vol… écrivez, Cuckold… tentative de vol dans un lieu public sur la personne de… votre nom, plaignant ?

— Jim Perkins, répondis-je avec aplomb.

— Bien… sur quel bâtiment êtes-vous embarqué ?

— Sur le Humbug, captain Wright…

Manzana, qui maintenant comprenait l’anglais et le parlait assez couramment, s’avança vers le constable :

— Cet homme ment, dit-il… Il ne s’appelle pas Perkins, mais Edgar Pipe… Il sort de la prison de Reading… c’est un escroc, un cambrioleur… Si vous voulez avoir des renseignements sur lui, vous n’avez qu’à vous adresser au bureau de police de Coventry…

— Parfaitement, appuya Bill Sharper d’une voix dolente, en soutenant avec sa main gauche son bras tuméfié.

Le constable me regarda fixement et demanda ;

— Qu’avez-vous à répondre ?

— Ces gens mentent effrontément, dis-je avec aplomb… Ce sont d’affreux drôles qui se livrent à un commerce infâme… Si vous en doutez, vous n’avez qu’à envoyer un agent au Swan Hotel, dans Paddington, et vous ne tarderez pas à être fixé…

— Cela ne m’explique pas pourquoi ils vous ont attaqué…

— Pour me voler, monsieur…