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retiré des affaires

Allons !… finissons-en, dit Bill Sharper, nous n’allons pas rester ici jusqu’à ce soir…

Et brusquement, il me saisit les poignets. Je tentai de me dégager, mais ce fut en vain, j’étais pris comme dans un étau. Déjà, Manzana explorait mes poches… Tant pis, pensai-je, advienne que pourra.

Et par trois fois, je criai :

— À moi !… À moi !… Au secours !

Le gardien du square accourut, suivi de deux courageux citoyens.

— Canaille ! va, rugit Bill Sharper, en desserrant son étreinte, tu nous le paieras !

Et il s’enfuit avec Manzana, poursuivi par une bande de gens qui hurlaient à leurs trousses :

— Arrêtez-les !… Arrêtez-les !…

Ils n’allèrent pas bien loin, car deux policemen et trois soldats se jetèrent sur eux près de la grille du square.

Comme Sharper qui, on le sait, était d’une force herculéenne, résistait avec fureur ; l’un des agents de police lui appliqua sur le bras droit un coup sec, avec son bâton d’ébène[1] et le bandit fut ainsi réduit à l’impuissance.

Quelques minutes après, nous étions tous réunis dans un bureau de police où un constable procédait immédiatement à notre interrogatoire…

— Où est le plaignant ? demanda-t-il.

Je m’avançai, un peu troublé :

— C’est moi…

— Bien, fit le constable… parlez sans acrimonie, dites la vérité, rien que la vérité… levez la main droite et jurez…

Je jurai en répétant les mots conventionnels que me soufflait un vieux scribe à tête de vautour, assis devant une table de bois noir.

  1. En Angleterre les policemen usent toujours de ce moyen pour dompter les malfaiteurs récalcitrants.