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retiré des affaires

jours, je me ruai au milieu de la foule, assez dense dans Pensylvania à cette heure du jour.

J’avoue que, cette fois, je perdis la tête.

Au lieu de me jeter dans une rue, puis dans une autre, afin de dépister mes deux ennemis, je filai tout droit comme un imbécile, poursuivi par Bill Sharper et cet horrible Manzana.

Les drôles n’osaient point crier : « Au voleur !… au voleur !… » car ils avaient de sérieuses raisons pour ne pas appeler la police à leur aide.

Les pas se rapprochaient derrière moi ; un rapide claquement de semelles m’avertissait que j’étais serré de près.

Bientôt, j’arrivais devant la grille d’un square. J’étais essoufflé, je ne tenais plus sur mes jambes et je fus obligé de m’arrêter. Le séjour prolongé que j’avais fait à Reading m’avait considérablement affaibli et je n’étais décidément plus qu’une loque humaine. Je trouvai encore la force d’entrer dans le square, de m’enfoncer dans une allée, mais déjà Manzana arrivait.

Alors, je pris une résolution héroïque… Tirant mon diamant de ma poche, je le portai à ma bouche et l’avalai !

Avaler un diamant de cent trente-six carats, cela n’est point aussi facile qu’on pourrait le supposer… Je dus m’y reprendre à trois fois avant d’engloutir le Régent dans les profondeurs de mon œsophage. J’y parvins cependant, mais au prix de quels efforts !

Manzana était devant moi.

— Ah ! canaille ! s’écria-t-il, enfin, je te tiens !

— Oui… et on le tient bien, grinça Bill Sharper, en me posant son énorme patte sur l’épaule…