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retiré des affaires

entrerez et direz au patron : « Je viens de la part du capitaine Wright… est-ce que les cailles sont arrivées ? » Il saura ce que cela veut dire et vous répondra oui ou non… S’il vous dit non, vous lui demanderez quand elles arriveront et s’il faut que je retarde mon départ… Vous avez bien compris ?… J’allais envoyer un commissionnaire, mais puisque vous êtes là, il est inutile que je dépense trois shillings.

Je partis immédiatement, mais comme depuis ma « villégiature » à Reading, j’étais devenu très mauvais marcheur, je hélai un taxi, à une centaine de mètres des quais, et jetai au chauffeur l’adresse que m’avait donnée le capitaine Wright.

J’avais pris une voiture fermée, jugeant que cela était plus sûr. J’allais être obligé de passer dans le quartier qu’habitait Manzana, et je ne tenais pas à rencontrer mon ancien associé. J’étais, il est vrai, très documenté sur son compte et pouvais le faire arrêter ; mais lui, de son côté, avait une arme contre moi, et bien qu’elle fût un peu émoussée, elle ne laissait pas d’être encore dangereuse.

J’eus la chance d’arriver sans incident au « Swan Hôtel ».

J’entrai au 16 de Pensylvania road. Il y avait là un débit borgne, à la devanture duquel un cygne aux ailes éployées s’ébattait dans un lac bleu.

Avisant un gros homme qui se tenait derrière un comptoir, je lui demandai poliment « si les cailles étaient arrivées ».

Il eut un mouvement de surprise, puis répondit, après m’avoir toisé :

— Qui vous envoie ?

— Le capitaine Wright.

Sa figure s’éclaira :

— Ah ! très bien, fit-il… vous comprenez, on tient à savoir à qui on a affaire… Non… les cailles ne sont pas encore arrivées… mais Bill Sharper, qui est allé les