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mémoires d’un cambrioleur

Paris, je n’avais pas pris les deux mille francs qui se trouvaient dans votre secrétaire… peut-être bien que…

— Ne parlons plus de cela, Édith, je vous en prie… Ne vous ai-je point pardonné depuis longtemps ?…

— Oui, je sais… mais j’ai honte de cette vilaine action… J’étais heureuse, à ce moment, vous ne me refusiez rien…

— Mais puisque c’est oublié, vous dis-je… Continuez votre récit…

— Mon… récit !… ah oui !… Où en étais-je donc ?…

— Au moment où vous avez quitté le logement de miss Mellis…

— Ah ! oui… c’est vrai… J’étais donc allée m’installer dans un boarding-house du Strand… quand, un jour, en descendant de chez moi, je me suis trouvée nez à nez dans la rue avec cet horrible individu qui nous a fait une telle peur, vous savez… ce Bill Sharper…

— Oui… oui… je me souviens de ce bandit.

— Oh !… un bandit, vous pouvez le dire, mais en comparaison de l’autre… c’est encore un gentleman…

— L’autre ?…

— Oui, vous savez bien, Manzana…

— Le gredin ! en voilà un qui a fait mon malheur !

— Et le mien aussi, Edgar…

— Comment cela ?

— Attendez, vous allez tout savoir et si vous avez souffert, vous verrez que, moi aussi, j’ai été bien malheureuse… Donc, Bill Sharper a commencé par m’intimider. « Ah ! vous voilà, vous, m’a-t-il dit… vous ferez bien de vous cacher, car la police vous recherche… vous allez probablement être arrêtée… Votre amant a parlé… Il paraît que vous étiez sa complice et que c’est à votre instigation qu’il a commis le vol que vous savez… »

Je me récriai, naturellement, mais il insista et me terrorisa à tel point que je m’enfuis de mon logement pour me réfugier dans celui qu’il m’avait offert…

— Comment ? vous êtes allée chez Bill Sharper ?