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retiré des affaires

Nous entrâmes. La salle était presque vide. Nous nous assîmes dans le fond et je commandai à dîner… Édith ne mangeait pas, elle dévorait.

Ainsi, c’était donc vrai, la malheureuse mourait de faim !

J’aurais voulu connaître immédiatement son histoire, apprendre comment elle avait pu tomber dans une telle misère, mais je n’osais l’interroger.

Quand elle eut terminé son repas, elle demanda :

— Où allez-vous maintenant ? Edgar.

— Mais chez vous, si vous voulez…

— Chez moi fit-elle tristement… chez moi !… mon domicile maintenant, c’est la rue !…

— Je n’en pouvais croire mes oreilles… Était-il possible que mon Édith en fût arrivée là ?

— Venez à mon hôtel.

Et je l’emmenai au Caledonian.

Lorsque nous fûmes seuls, je la fis asseoir et lui prenant les mains :

— Édith !… Édith !… je vous en prie… dites-moi tout, confiez-vous à moi… Vous savez que je suis votre ami, moi… que je vous ai bien aimée… que je vous aime toujours.

Elle éclata en sanglots.

J’attendis que la crise fut calmée, puis la suppliai de parler.

Elle y consentit enfin, d’une voix hésitante :

— Aussitôt après votre malheur, dit-elle, j’ai été obligée de quitter le petit appartement que nous occupions chez miss Mellis… et de me réfugier dans le Strand. J’étais encore toute bouleversée par cette « histoire »… Et d’abord, je vous ai maudit, Edgar… mais depuis… depuis que j’ai appris à mieux connaître la vie, je vous ai excusé…

Elle s’arrêta un instant, comme si elle cherchait à rassembler ses idées, et poursuivit :

— Oui… je vous ai excusé… car, en somme, si à