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VIII

celle que je n’attendais pas

Une heure après, je m’arrêtais devant un énorme bâtiment sur la façade duquel courait une longue bande de calicot avec ces mots : « Caledonian Hotel ».

C’était une sorte de caravansérail fréquenté par le peuple des docks, les mariniers de la Tamise et les matelots en congé… On entrait là-dedans et on en sortait sans que personne vous remarquât. L’hôtel avait deux cents chambres, ainsi que l’attestait la petite notice collée sur la vitre du bureau et il était, on en conviendra, bien difficile au logeur de surveiller tant de locataires.

Je résolus donc de m’établir au Caledonian Hotel, mais avant d’y pénétrer, je me rendis chez un fripier de Shadwell et troquai contre une vareuse, un caban, un béret et un pantalon de matelot, les effets trop élégants que je portais et qui compromettaient ma sécurité. J’abandonnai aussi ma perruque au marchand, qui me la paya deux shillings.

Quand je sortis de chez lui, personne n’eût pu reconnaître sous son costume de marin le gentleman ridicule qui, la veille, dînait en tête à tête avec la logeuse de Limehouse.

J’avais enfin trouvé le seul déguisement qui me convint, celui qui me permettrait de passer partout sans me faire remarquer.

Je ne pouvais plus rester à Londres, où j’étais exposé à rencontrer Bill Sharper et peut-être Manzana. Mon