Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
retiré des affaires

ment un peu d’eau sur le visage, me déshabillai, après avoir fermé ma porte à double tour et jeté un coup d’œil sous le lit et derrière les doubles rideaux, puis j’essayai de dormir, mais le horse-guard et sa compagne faisaient un tel vacarme dans la chambre voisine qu’il me fut à peu près impossible de fermer l’œil de la nuit. Je croyais, à chaque instant que le bruit avait cessé, mais bientôt il reprenait de plus belle !

Un peu avant le jour, je m’assoupis cependant, puis ne tardai pas à m’endormir profondément.

Quand je me réveillai, les douze coups de midi sonnaient à une église voisine. Je me levai et, tout en procédant à ma toilette, je réfléchis sur ma situation présente. L’asile que j’avais momentanément choisi n’était décidément pas sûr ; il me fallait en trouver un autre. Pour ma première démarche, je n’avais vraiment pas de chance, car avouez que c’était jouer de malheur que d’avoir arrêté mon choix sur une maison meublée qu’habitait justement Bill Sharper !

La logeuse ne m’avait nommé que celui-là, mais qui sait si je n’allais pas apprendre que Manzana logeait aussi dans cet hôtel borgne. Il fallait que je déguerpisse au plus vite, car j’étais exposé, à chaque minute, à faire chez Mme Cora de mauvaises rencontres.

D’ailleurs, de toute façon, je ne serais pas resté dans ce boarding-house. La propriétaire était trop aimable, et cette amabilité, que j’attribuais à ma ressemblance avec le regretté Rico, m’eût obligé à des sacrifices vraiment trop héroïques.

J’annonçai donc à Mme Cora que je ne rentrerais probablement pas dîner, et je partis après avoir amicalement serré la patte à Bobby.

J’allai déjeuner dans un restaurant italien tenu, comme toujours, par un Allemand, puis je me mis à la recherche d’un nouveau logement.