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mémoires d’un cambrioleur

beaucoup en ce moment… c’est d’ailleurs son métier qui veut cela… C’est vraiment dommage que Bobby ne l’aime pas, car c’est un bon garçon, et si drôle, si amusant !… D’ailleurs, vous le verrez et je suis sûre qu’il vous plaira tout de suite.

— Je n’en doute pas. Il revient, avez-vous dit à la fin de la semaine ?

— Oui, il sera ici samedi… ou dimanche, au plus tard…

— Je serai fort heureux de faire sa connaissance…

Le repas s’achevait. Bobby, que la chaleur avait fini par engourdir, dormait, la tête sous son aile.

La bonne, que nous n’avions pas vue de la soirée, ouvrit tout à coup la porte de la pièce et fit un signe à sa maîtresse.

— Je vous demande pardon, dit Mme Cora, mais on a besoin de moi… Je reviens dans un instant.

À travers la baie vitrée, j’avais aperçu la longue silhouette d’un horse-guard qui titubait légèrement et, à côté de lui, l’ombre menue d’une femme coiffée d’un grand chapeau à plumes.

Il y eut dans l’escalier un bruit de pas, un murmure confus parvint jusqu’à moi, puis le silence se rétablit.

Cinq minutes après, Mme Cora, encore tout essoufflée, avait repris sa place en face de moi.

Elle m’offrit un verre de whisky que j’acceptai, mais cette liqueur exquise dont j’avais perdu le goût à Reading, ne tarda pas à me tourner la tête et, bien que la conversation de la logeuse, qui avait rapproché sa chaise de la mienne, commençât à devenir intéressante, je me vis obligé de prendre congé, en prétextant — ce qui était vrai d’ailleurs — un léger étourdissement.

Cette brusque retraite parut contrarier vivement Mme Cora qui aurait voulu causer plus longuement sans doute, mais j’étais vraiment trop malade pour accéder à son désir.

Une fois dans ma chambre, je me passai immédiate-