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retiré des affaires

mal ?… Ah ! ça, c’est curieux, par exemple !… c’est même extraordinaire !…

Et Mme Cora se trémoussait sur sa chaise comme une petite folle.

Évidemment, elle s’était aperçue que j’avais une perruque…

Je ne savais plus quelle contenance prendre… je me sentais profondément grotesque et ne trouvais rien à répondre.

— Bah !… dit la logeuse, il est bien permis à un homme de porter de faux cheveux… les femmes en portent bien… En tout cas, permettez-moi de vous dire que cela vous va très bien. Vous ressemblez à Rico, un tzigane que j’ai beaucoup connu et avec lequel…

Elle s’arrêta subitement, craignant sans doute de se laisser glisser sur la pente des confidences…

Mme Cora ne parut pas s’étonner outre mesure que je portasse une perruque ; d’ailleurs, elle ne s’étonnait de rien… C’était une personne très avertie dont les clients s’étaient employés sans doute à parfaire l’éducation. Peut-être même avait-elle déjà deviné d’où je sortais, mais elle était trop bien élevée pour faire allusion à un petit « accident » qui devait être assez commun dans le monde qu’elle fréquentait.

Elle me comblait d’amabilités — peut-être en souvenir de Rico — et Bobby qui avait décidément renoncé à me tirer les cheveux s’acharnait après le bout de mon oreille…

Très habilement, je ramenai la conversation sur un sujet qui m’intéressait plus que tout autre.

— Alors, dis-je, Bobby n’aime pas M. Bill Sharper…

— Oh, pas du tout, et cela est même assez singulier, car M. Bill Sharper ne sait quelles gentillesses lui faire… il lui donne souvent des friandises et je gage qu’à son retour de voyage, il va encore lui apporter quelque chose…

— Ah ! M. Bill Sharper est en voyage ?

— Oui… jusqu’à la fin de la semaine… il se déplace