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mémoires d’un cambrioleur

Je pensai, à part moi, que Mme Cora aurait bien dû donner à son perroquet l’ordre de respecter un peu plus le tapis rouge.

Nous arrivâmes à la chambre. Elle était, je dois le dire, presque confortable, quoique d’une propreté douteuse.

La grosse dame fit glisser sur leur tringle les doubles rideaux afin que sans doute je pusse mieux voir la poussière qui garnissait les meubles et les taches répandues sur le fauteuil et le couvre-lit, puis elle me demanda si « je me décidais ».

Je répondis affirmativement, car je ne me sentais plus le courage de chercher un autre logement.

Alors, elle devint aimable, presque provocante…

— Vous serez très bien ici, dit-elle… et si vous vous ennuyez, je pourrai de temps en temps vous tenir compagnie… Chez moi, vous savez, c’est la vie de famille et tous mes locataires sont un peu mes enfants.

— Vous avez d’autres locataires ?

— Oui, quatre, mais des garçons très sérieux qui partent le matin et ne rentrent que le soir. Deux sont employés aux Docks.

— Ah !… et les deux autres ?

— L’un est commis voyageur, et l’autre coiffeur pour dames… Vous les verrez, d’ailleurs, car le samedi soir, nous avons l’habitude de nous réunir pour jouer au poker… Ce sont des locataires tout ce qu’il y a de plus comme il faut… le commis voyageur surtout…

Et, tout en me donnant ces explications, la grosse dame me frôlait légèrement en me faisant les yeux doux, mais voyant que je ne répondais pas à ses avances, elle me dit brusquement :

— Nous sommes d’accord, n’est-ce pas ? La chambre vous plaît… eh bien, c’est une affaire entendue… quinze shillings par semaine et payables d’avance…

Je lui tendis une livre, et comme elle n’avait pas de