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retiré des affaires

— Monsieur désire ?

— J’ai vu que vous aviez une chambre à louer, madame, et je désirerais en connaître le prix.

— C’est quinze shillings par semaine… ameublement confortable, vue sur la rue…

À ce moment, les éclats de rire se firent entendre de nouveau.

— Ne faites pas attention, me dit Mme Cora, c’est Bobby qui s’amuse… Nous disions donc vue sur la rue… tranquillité parfaite… On peut sortir et rentrer à volonté… mais vous savez, je ne veux pas de chiens ici… je les ai en horreur car ils font peur à Bobby… Il est si impressionnable, ce pauvre Bobby… Figurez-vous que l’autre jour, il a été pris d’une crise terrible et j’ai bien cru que j’allais le perdre… Un maudit bull s’était introduit dans cette cour et aboyait avec fureur… il a même eu l’audace de monter au premier, dans la chambre où se trouve Bobby… Mais je suis là qui vous parle de mon coco adoré, et j’oublie de vous montrer la chambre… Voulez-vous prendre la peine de me suivre, monsieur ?

Et Mme Cora s’engagea dans l’escalier. Elle avait pour gravir plus facilement les marches, retroussé son peignoir bleu et me montrait des mollets énormes emprisonnés dans des bas transparents, de couleur claire.

— Oh ! oh !… faisait Bobby de sa vilaine voix nasillarde…

Je l’aperçus enfin, ce Bobby. C’était un gros perroquet gris qui circulait librement dans une pièce du premier étage, semant sans pudeur sur le grand tapis rouge des ordures larges comme des shillings.

— Croyez-vous qu’il est joli, s’extasia Mme Cora. Un connaisseur me disait dernièrement qu’il n’en avait jamais vu de pareil… et je le crois sans peine… Bobby vaut au moins cent livres… oui, monsieur… mais pour mille, je ne le céderais pas… Et si vous saviez comme il est intelligent… il comprend tout… je n’ai qu’à lui donner un ordre pour qu’il m’obéisse aussitôt…