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VI

le sinistre providentiel

Le printemps était revenu, et le soleil qui visitait de temps à autre ma cellule (oh bien peu !… quelques minutes seulement) ne fit qu’aggraver ma peine… Sa lumière, au lieu de me réchauffer le cœur, me rendait plus triste que jamais, car elle me rappelait la vie… la vie que je cherchais à oublier !

Je me cachais la figure dans mes draps pour ne point le voir, mais je crois que jamais il ne brilla plus que ce printemps-là… L’Angleterre elle-même semblait s’être débarrassée de ses éternels brouillards…

Je me sentais « descendre » de jour en jour, et j’avais conscience d’être devenu complètement une brute, quand il se produisit, à Reading, un événement que les journaux enregistrèrent sous le mot de « sinistre » et qui eut sur ma destinée le plus heureux effet.

Une nuit, le feu prit à la prison. Il débuta par les magasins et les ateliers et, malgré les efforts des « fire-men » accourus de Londres et des environs, se propagea jusqu’aux bâtiments cellulaires.

On ouvrit aussitôt les portes de nos boxes, et le directeur donna l’ordre de nous conduire dans la cour. Je pris mon diamant, le fixai à la hâte, au moyen d’un nœud, dans le pan de devant de ma chemise et suivis mes compagnons.

Une fois que nous fûmes dans le grand « yard » pavé qui s’étend devant la chapelle, on s’aperçut tout à coup