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mémoires d’un cambrioleur

— Où sont vos bottines ?

Je feignis le plus profond ahurissement, puis, ôtant une de mes pantoufles, je la lui montrai, en disant :

— Voilà, monsieur le Directeur…

Il eut un haussement d’épaules :

— Ce ne sont pas vos sandales que je veux voir, ce sont vos bottines…

Je pris un air complètement idiot et répondis en roulant des yeux stupides :

— Je n’ai pas de bottines, monsieur le Directeur… j’en ai eu, autrefois, mais on me les a enlevées quand je suis entré ici…

— Oui… c’est de celles-là que je veux parler… elles ont disparu… un complice les a volées dans le magasin et vous les a remises…

— Comment, fis-je, aurait-il pu me les remettre sans qu’on l’aperçût… et puis, qu’en aurais-je fait ?

— Elles contenaient sans doute quelque objet que vous teniez à ravoir ?

— Monsieur le Directeur, je ne comprends rien à tout cela.

— Cependant, vos bottines ont disparu.

— Alors, je ne sais pas plus que vous ce qu’elles sont devenues…

Le directeur qui ne m’avait jamais pardonné de lui avoir ri au nez, lors de notre première entrevue, me regarda en clignant de l’œil et en faisant aller sa bouche d’une oreille à l’autre (tic qui lui était familier et que la colère semblait exagérer encore) puis, il me menaça gravement de son index en bégayant :

— Prenez garde !… sacripant !… prenez garde !…

Je courbai la tête sans répondre.

Il sortit, suivi de ses deux subordonnés, et je l’entendis qui disait, dans le couloir :

— Ce n’est pas fini, cette affaire-là… non, ce n’est pas fini… Il faudra bien que je la tire au clair…

Je devinai sans peine ce qui s’était passé. Le pauvre