Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
retiré des affaires

doux comme une petite fille… et si poli !… Sûr qu’on lui pardonnera là-haut !

Je me jetai sur mon lit et me mis à sangloter…

Pauvre Crafty !… Pauvre Crafty !…

Ainsi, c’était lui !… Ah ! je m’expliquais maintenant pourquoi cette maudite cloche m’avait tant troublé !… Il y avait entre Crafty et moi un lien que la mort elle-même n’était point parvenue à rompre, et, par une sorte de télépathie indéniable, nos deux âmes communiaient étroitement dans la religion du souvenir… Sa pensée était venue à moi, à travers les murs de la prison, et la mienne maintenant allait à lui !…

Pauvre Crafty !… Il ne me trompait pas quand il disait qu’il n’en avait plus pour longtemps… et me suppliait de « hâter notre évasion ». Il sentait déjà venir la mort et croyait l’éviter en fuyant, comme si l’on échappait jamais à la « Rôdeuse » de Reading, lorsqu’elle vous a une fois marqué de son doigt fatal !

Ainsi, mon camarade était mort, mort sans que je pusse rien faire pour lui, moi qui aurais tant désiré lui être utile ! Et c’était à ce malheureux que je devais ma fortune. C’était grâce à lui que j’avais retrouvé mon diamant !…

À quelques jours de là, le directeur, suivi du surveillant général et d’un gardien, entra dans ma cellule.

Ces trois visiteurs avaient la mine sévère et je vis tout de suite qu’il allait se passer quelque chose…

— Fouillez partout, commanda le directeur.

Immédiatement, le surveillant et le gardien se mirent à bouleverser mon lit, à palper ma paillasse et mon traversin, puis, ils examinèrent le parquet, introduisant la lame de leur couteau entre chaque rainure. Ensuite, ils cherchèrent derrière la planche qui garnissait la fenêtre et je tremblais qu’ils ne découvrissent mon diamant, mais il était tellement bien dissimulé qu’il échappa à leurs regards.

Le directeur vint alors se planter devant moi et demanda d’un ton dur :