Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
retiré des affaires

à plusieurs reprises dans une sorte de joie fébrile, et telle était mon exaltation que je n’entendais plus rien de ce qui se passait autour de moi… Je n’entendais même point ce pauvre Crafty qui frappait au mur comme un sourd, pour me demander si j’avais retrouvé mes bottines.

Quand je fus enfin revenu à la raison, je lui répondis, mais comme il avait l’air de vouloir prolonger la conversation, je prétextai un malaise subit, pour qu’il me laissât en paix.

Cependant, la première effervescence calmée, je me sentis de nouveau en proie à une mortelle inquiétude…

Où cacher mon diamant ?

L’administration de la geôle de Reading n’a pas jugé à propos de mettre des poches à nos vêtements et les sandales qu’elle nous alloue n’ont même pas de talon. Je ne pouvais donc replacer le Régent dans sa « niche », car, pour cela, j’eusse été obligé de conserver mes bottines, et il n’y fallait pas songer.

Toute la nuit, je réfléchis, tenant mon diamant dans ma main.

Enfin, au jour, je trouvai une cachette provisoire.

Je le glissai dans mon traversin et logeai mes bottines dans ma paillasse.

Au coup de cloche annonçant le Tread-Mill, j’étais le premier installé sur ma sellette et… je pédalai ce jour-là avec une ardeur juvénile… J’aurais, je crois, pédalé toute la journée sans éprouver la moindre fatigue.

Tant il est vrai que le moral commande en maître au physique, et que les défaillances du corps proviennent presque toujours d’une mauvaise disposition d’esprit.

Une subite transformation s’était opérée en moi : j’avais rajeuni de dix ans !

Il faut croire que la joie que j’avais au cœur se reflétait sur mon visage, car le gardien Jimb qui m’apportait, chaque jour, ma cruche d’eau, s’écria dès qu’il ouvrit la porte :