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retiré des affaires

Il s’éloigna enfin et, quand la lueur jaune de son falot eut cessé d’éclairer la petite ouverture circulaire placée au-dessus de ma porte, je repris avec mon voisin la conversation interrompue.

J’eus, pendant un certain temps, beaucoup de peine à saisir ce que Crafty voulait me dire, mais j’y arrivai enfin, grâce à cette curieuse faculté d’intuition que les prisonniers arrivent à acquérir.

Et voici ce que m’apprit mon camarade :

Il était parvenu à s’emparer de mes bottines et les avait rapportées de l’atelier. Pour les cacher, il avait soulevé la trappe qui faisait communiquer sa cellule avec le Tread-Mill… Il était sûr que l’on ne pouvait les découvrir, car elles étaient placées dans une anfractuosité de la muraille, au niveau de l’arbre de couche du moulin.

Il me donna ces indications, moitié en frappant, moitié en collant sa bouche à la muraille et en parlant très bas.

Ainsi, mon diamant était là, à deux mètres de moi à peine… une planche seule m’en séparait !… mais était-il sûr que j’allais le retrouver ?… N’avait-il pas disparu du talon qui le contenait ?… Pourvu, au moins, que les cordonniers de la prison n’aient pas eu l’idée de ressemeler mes chaussures !

On devine l’angoisse qui s’était emparée de moi…

Je demandai à Crafty comment il s’y était pris pour ouvrir la trappe, et il me donna aussitôt le moyen de soulever la mienne, mais soit que le système de fermeture ne fût pas le même dans les deux cellules, soit que je ne susse point m’y prendre, je n’arrivai pas à faire jouer la ferrure qui supportait l’énorme bloc de chêne…

Je passai une nuit épouvantable et je me relevai même plusieurs fois pour me livrer à de nouveaux essais qui ne donnèrent aucun résultat.

Pour la première fois, depuis que j’étais à Reading, j’attendis avec une impatience folle le coup de cloche qui annonçait le Tread-Mill.