Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

IV

où je le revois enfin !

Rentré dans ma cellule, je songeai longtemps au pauvre garçon que je n’avais fait qu’entrevoir et je dis même pour lui une courte prière.

J’aurais bien voulu savoir quel était cet homme, et pourquoi on l’avait condamné à mort, mais le gardien que j’interrogeai me répondit d’un ton brutal :

— Cela ne vous regarde pas… C’était un numéro dans votre genre, et vous pourriez bien, un jour, suivre le même chemin que lui…

Je n’insistai pas.

Pendant plusieurs jours, je demeurai très troublé.

L’adieu que m’avait lancé cet inconnu, au seuil de la mort, m’avait profondément remué et je regrettai de ne pas lui avoir adressé les paroles de paix que l’on dit au chevet des agonisants.

Cet homme était mon frère, après tout, un frère malheureux, que la fatalité avait sans doute poursuivi dès sa naissance !

Je revois toujours son visage pâle et ses grands yeux qui ressemblaient à deux trous noirs. J’ai su plus tard, en consultant les journaux de l’époque, qu’il s’appelait Gulf, un nom prédestiné !

Avec un nom pareil pouvait-il aller autre part qu’à l’abîme…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mal remis de ma fluxion de poitrine, anémié par le manque de nourriture, épuisé par le travail meurtrier du