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mémoires d’un cambrioleur

résolus de mettre à profit l’énervement de mes deux gêneurs et de frapper un grand coup.

C’est alors que je commençai à remuer doucement dans mon sarcophage.

L’effet fut prompt et rassurant… Les gardiens avaient peur… Ils n’étaient plus à craindre. Je graduai mes effets de terreur en souriant de leur épouvante… Alors, bien sûr de moi, je poussai l’audace jusqu’à m’évader de mon coffre, je ne dirai pas à leur nez, car ils fuyaient déjà à toutes jambes. J’étais libre de mes mouvements et seul dans cette salle tout à l’heure trop bien surveillée.

N’avais-je pas raison de proclamer plus haut ma foi dans l’influence que peut avoir le Merveilleux ?

Cependant je n’étais pas au bout de mes peines. Il me fallait gagner la galerie d’Apollon, où je savais qu’était exposé le Régent, mais que je savais aussi spécialement gardée par un veilleur de nuit.

Je me lançai provisoirement sur les traces de mes deux nigauds, de ce pas subreptice et silencieux qui convient au fantôme d’un Pharaon.

Je vis bien, en traversant une salle, que mon apparition faisait quelque impression sur un gardien probablement dérangé dans son sommeil… L’alarme allait être donnée ; je ne pouvais songer d’ailleurs à me risquer à l’aveuglette dans la galerie d’Apollon, et comme je venais d’arriver en haut de l’escalier de la Victoire, je m’aperçus que l’on avait là, fort à propos, reconstitué certain portique orné de deux cariatides provenant, je crois, des ruines de Delphes.

Ce détail a peu d’importance ; ce qui en avait plus pour moi, c’est qu’on avait, au fond de ce portique, tendu un rideau à la grecque dans le dos des deux cariatides.

Je me cachai derrière ce rideau et attendis.

J’assistai dans cet incognito qui me sied au conciliabule d’un homme à grosse voix et de mes deux gardiens de la salle des Antiquités Égyptiennes, puis je compris que