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retiré des affaires

Deux jours après, j’étais de nouveau en cellule et j’avais une fois encore perdu confiance.

Crafty, malgré toute l’audace qu’il avait pu déployer, n’avait abouti à rien…

Avant que nous nous quittions, il m’avait serré la main d’un air désolé, puis m’avait dit :

— J’ai fait tout ce que j’ai pu… j’essayerai encore… mais si je m’emparais des bottines, que devrais-je en faire ?

Je n’avais pas eu le temps de répondre à cette question, car déjà un gardien m’entraînait.

Rentré dans mon box, je fis plutôt de tristes réflexions. Quelle imprudence j’avais commise en chargeant Crafty d’une mission qu’il ne pouvait véritablement point mener à bien. Maintenant, il était capable de commettre quelque « gaffe », de vouloir quand même s’emparer des bottines, dans l’espoir d’y trouver quelqu’un de ces menus outils qui servent aux détenus à scier les barreaux de leur cellule…

Et puis, je ne le connaissais pas plus que cela, ce Crafty… N’était-ce pas un de ces individus que les gardiens placent auprès des autres détenus, dans le but de provoquer leurs confidences ? S’il allait parler ?

Cette histoire de bottines paraîtrait assez bizarre… On rechercherait les chaussures numéro 33, et on en examinerait semelles et talons, afin de s’assurer qu’elles ne recélaient rien de suspect… Cette minutieuse inspection amènerait certainement les gardiens à découvrir le diamant et non seulement je me trouverais privé d’une fortune sur laquelle je comptais pour « m’établir honnête homme », mais je serais sous le coup de nouvelles poursuites… et il était possible que cette autre affaire me valût encore quelques années de prison…

Il est vrai que ces années-là seraient plus douces, puisque je les passerais en France où les prisons, au dire des criminalistes anglais, sont plutôt des « sanatoria » que des geôles de punition…

Ces réflexions que je ressassais chaque jour eurent