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retiré des affaires

— De sorte que vous tirerez vos deux années de « hard labour » sans avoir tâté du moulin ?

— Je l’espère… mais, je crains bien qu’on ne me fasse redoubler…

— Ah !

— Oui… il en est déjà question…

Il y eut un long silence… Le gardien s’était rapproché. Nous prîmes tous deux des poses alanguies et quand il se fut éloigné de nouveau, je dis à mon « camarade » :

— Il est presque certain que l’on vous fera faire ce qu’ils appellent du « rabiot »… le mieux, voyez-vous, serait de vous évader.

— Vous en parlez à votre aise, vous !… Si vous croyez que c’est facile…

— Et si je vous en donnais les moyens ?

— Vous ?

— Oui, moi…

— Je vous bénirais jusqu’à la fin de mes jours… mais c’est sérieux, ce que vous dites ?

— Tout ce qu’il y a de plus sérieux.

— Oh !… expliquez-moi cela !

— Plus tard… Pour le moment, il faut que vous me rendiez un service…

— Si je le puis, je ne demande pas mieux… De quoi s’agit-il ?

J’hésitai un instant, puis me rapprochant du lit de mon compagnon :

— Allez-vous tous les jours à la cordonnerie ?

— Oui, dans l’après-midi…

— Bien… écoutez attentivement ce que je vais vous dire…

— J’écoute…

— Pourriez-vous retrouver une paire de bottines qui portent sous chaque semelle le numéro 33 et me les apporter ici ?

— Oh ! oh !… ce que vous me demandez là est bien