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retiré des affaires

ainsi dire, et je me demandais avec angoisse quand ce supplice allait prendre fin.

Pour qu’il cessât immédiatement, j’eusse donné mon diamant… que dis-je… vingt ans de ma vie.

Soudain, dans une des cellules retentit un cri sinistre, un de ces cris qui glacent d’effroi ceux qui les entendent… puis ce fut le silence…

Le Tread-Mill s’arrêta, il y eut, un instant, un bruit de pas précipités, de sourds gémissements, puis le calme se rétablit et le surveillant-chef lança de nouveau son lugubre avertissement :

Take care !… Forwards !

Et la roue se remit à tourner.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’apprenais, quelques instants après, par une conversation entre gardiens, qu’un vieux détenu, un vétéran de la geôle, s’était fait couper les jambes par le Tread-Mill…

Le lendemain, on l’enterrait quelque part et tout était dit.

Est-ce qu’on a le temps à Reading de s’apitoyer sur ceux qui s’évadent par la mort de la prison modèle de lord Strange ?

Chaque jour, nous devions « tourner la roue » pendant vingt minutes, le matin, et une demi-heure, l’après-midi.

Le lecteur a pu se rendre compte par la courte description que j’ai faite du « moulin de discipline » de l’effet que ce supplice quotidien doit avoir sur l’organisme déjà affaibli des détenus. Les solides, les robustes résistent ; les faibles succombent.

Un de moins dit la justice…

Une victime de plus, répond l’humanité !

La justice anglaise est certes une belle institution… Je dirai même que notre code, qui n’est point tout à fait up to date, protège assez le criminel, et s’efforce d’éviter les condamnations injustes… On peut aussi affirmer qu’en